ATELIER DE DANSE MICHELE BRODA
Cours de danse classique et contemporaine
Parcours / Passages
La guerre d'Espagne conduit à Toulouse nombre de réfugiés. Parmi eux, des intellectuels, des artistes fuient le franquisme. Amparito Navaro est danseuse. A Toulouse, elle donne des cours pour vivre et soutient, par des spectacles annuels, les exilés. (...) En 1954, Michèle Broda est initiée à la danse espagnole par la grande Amparito, qui la trouve un peu chétive, mais décèle en elle les qualités d'une future danseuse. Pendant trois ans, la fillette apprend la valencienne , la jota, la sevillana, toutes danses dites « locales », le flamenco étant réservé à de jeunes adultes et bien sûr aux femmes venues de "là-bas" et qui continuent à le pratiquer pour le plaisir.
Sur les conseils de Simone Techeney, professeur au Conservatoire de Toulouse, qui l'a remarquée, elle commence un apprentissage de danseuse classique et entre au Théâtre du Capitole de Toulouse, où elle reste quelques saisons. Lorsque l'on fait retour sur cette formation peu orthodoxe aujourd'hui, au vu de tous les liens que l'on établit entre danse contemporaine et danses dites « de tradition », elle paraît moins étonnante. (…) Finalement, le passage que des danseuses classiques font aujourd'hui, Michèle Broda l'avait effectué dans l'autre sens ! De cela, elle garde une liberté, un plaisir, une énergie que la pratique du ballet classique ne lui permet pas alors d'exprimer. C'est ainsi qu'elle va ouvrir régulièrement son horizon et continuer son parcours.
Un premier voyage en Israël en 1970, bientôt suivi d'un séjour de longue durée à Jérusalem, lui donne l'occasion d'une part d'enseigner comme professeur de danse classique à la "Rubin Academy of Music", de l'autre d'entrer dans la compagnie "The Jerusalem Group of Contemporary Dance", dirigée par Hassia Levy. Entre les tournées, désireuse de s'ouvrir à d'autres disciplines, elle suit les cours de Linda Hodessé, soliste de la compagnie de Martha Graham et de la "Bathsheva Dance Company". (…)
Michèle Broda retourne en France et crée en 1977 Le Dansoir, premier centre de danse contemporaine à Toulouse, en 1979 l'Atelier de danse du Vieux Raisin, puis en 1994 L'Atelier de Danse Michèle Broda, place Dupuy. Elle y enseigne la danse classique et la danse contemporaine, tout en poursuivant la voie de la recherche chorégraphique. Ce sont aussi des voyages et des rencontres avec Merce Cunningham en 1979 à New York, où elle suit des cours au studio de "West Street" avec Barbara Ensly et Ruth Barnes, puis en 1980 avec Suzan Buirge, professeur et directrice artistique de "Pour un lieu de création", à Paris.
Des tournées et un enseignement en Egypte, ponctués par des créations en France : Octet en 1991, Contrepoint en 1994, Les trains de marchandises en 2005...
D'autres rencontres et d'autres échanges, en particulier avec Germaine Acogny du "Studio Ecole Ballet Théâtre du 3ème Monde", dessinent encore d'autres passerelles avec la danse africaine, qui a désormais sa place dans le paysage de la danse contemporaine, tandis que Karin Waehner, la célèbre «maîtresse» de la "Schola" parisienne, héritière de Wigman, délivrait à Paris un enseignement que des danseurs professionnels venaient suivre de toutes parts.
Nourrie à tous ces courants, Michèle Broda " compose " dans son enseignement entre une danse sensible à tout ce qui est de l'ordre du " ressenti " et une recherche esthétique plus formelle.
Claudine VASSAS
( CNRS – Centre d’Anthropologie de Toulouse )
Extrait de " Terrain 35 : Danser ".
Paris, Éditions du Patrimoine, 2000